Histoire du village par M. DELHERBE

Histoire de la commune de Verlans racontée par M. DELHERBE

Chapitre I

Depuis les temps les plus anciens, le village est présent au milieu d’une vallée, parcourue par un petit ruisseau, orienté d’ouest en est en partant de TREMOINS pour aboutir à HERICOURT. Il comportait quelques pauvres maisons, couvertes de chaume et dont les occupants vivaient principalement de la culture et de l’élevage. L’habitat était regroupé autour de deux points d’eau.

Les traces écrites apparaissent dans des documents datés de 1173. On trouve VAYLANT comme dénomination du lieu. Au cours des années, le nom est devenu VELLANS relevé en 1300, et 74 ans plus tard on note VOILLANS. Une carte des bailliages de Franche Comté mentionne VEANS. C’est à partir de 1613 que VERLANS est apparu et devenu définitif.

La terminaison ANS s’est toujours maintenue et dénote une origine Burgonde, comme beaucoup de villages du secteur. Un érudit Monbéliardais dit que l’ancien mot VELLE veut dire village et la fin ANS vient du teuton et signifie habitation. Ces recherches sur l’étymologie se traduiraient par : Habitation dans le village, elle ne saurait être garantie.

Extrait d’une carte de la maison du Roy
La Franche-Comte divisée en baillages
Le village de VERLANS s’appelait VEAN

Chapitre II

C’est vers la fin de l’an 1300 que VELLANS est cité dans un document ou apparaissent les noms des Vassaux du Comté de Montbéliard. D’après cet écrit c’est Pierre de Champey qui tenait du Comte Renaud de Montbéliard, les fiefs de VERLANS et de Coisevaux.

En 1327 s’effectue le partage de la succession du Comte Renaud de Montbéliard. C’est alors que la totalité du village entre dans la composition de la Seigneurie d’Héricourt. Un certain nombre d’habitants purent alors profiter des franchises accordées par Marguerite de Bade à ses sujets, c’était en mars 1361. A la date de 1374 on trouve même THIERRY fils de GEHANNENEL et VUILLEMENOT fils de PERRENEY, admis à la jouissance des privilèges accordés aux membres de la Bourgeoisie. En 1501 on relève trace d’un remembrement des sujets composant les fiefs de Coisevaux, Champey, Verlans et c’est le noble Jean de BERCHENEL de Saint Maurice en Montagne qui administrait les trois villages.

L’introduction de la réformation de l’église eu lieu en 1565 dans la Seigneurie. Tous les habitants se convertirent et adoptèrent la religion des Princes de Montbéliard. Depuis les temps les plus anciens, les habitants de VERLANS étaient rattachés à l’église luthérienne de Trémoins et enterrés au cimetière de ce village. Les registres paroissiaux qui existent encore datent de l’année 1590 et permettent de détecter l’évolution des familles avant la création des registres d’état civil.

Chapitre III

En l’an 1568 le fief de VERLANS appartenait à la famille de Jean de GILLEY, Seigneur de MARNOL. L’année 1587 à été marquée par l’invasion. Les armée du Duc de GUISE pillèrent et dévastèrent tout sur leur passage, la plus grande misère régnait alors sur la Seigneurie d’HERICOURT et tout le Comté de MONTBELIARD en subit les méfaits.

C’est la famille de MARNOL qui en 1590 installa un maire pour administrer VERLANS et COISEVAUX. Il s’appelait Cuenin LALOUATE ( Nicolas LALOUETTE). Ce personnage dont la profession était barbier a été reçu Bourgeois de Montbéliard et a donné son nom à la rue principale qui traverse le village.

Pendant la guerre de 30 ans et surtout de 1633 à 1638 VERLANS comme le reste du Pays fut pillé, ravagé, dévasté par les troupes Impériales et Autrichiennes. Aux dépravations et violences se joignirent d’horribles famines et la peste décima la population. La sécurité ne revint qu’après le traité de paix de WESPHALIE, conclu en 1648.

En 1676 le Comté de MONTBELIARD et la Seigneurerie d’HERICOURT furent occupés par les troupes du Maréchal de Luxembourg au nom du Roi de France LOUIS XIV. Cette armée fit de grands ravages. Le Prince de MONTBELIARD n’en put conserver que les droits et revenus seigneuriaux.

Commune de VERLANS: Les noms de famille dans les Temps anciens

  • 1487-1499 : Nardin , Cardinal (de St. Vaulbert).
  • 1523 : Nardin , Lalouatte.
  • 1587 : Nardin , Cardinal , Lalouatte.
  • 1616 : Lalouatte , François , Cardinal , Taverne , Faivre , Nardin , François dit Mairot.
  • 1700 : Janson.
  • 1704 : Couturier , Veuillequel , Nardin , Lods , Alizon.
  • 1706 : Maire.
  • 1720 : Lambelet.
  • 1746 : Demet , Nardin.
  • 1796 : Ecoffat.
  • 1805 : Français.
  • 1814 : Ecoffet , Tisserand.

Chapitre IV

Au milieu du XVI e siècle, Léopold Gaspard BARBAUD de FLORIMONT est un bourgeois d’HERICOURT qui possède plusieurs fiefs dans la Seigneurie, notamment celui de VERLANS. Il le lègue en dot à sa fille Sybille Alex, quand elle épouse Léopold de la CHAUME D’ODELANS. Ce dernier est un capitaine, qui commande en 1709 le régiment Suisse d’HESSY au service de la France.

Ce beau militaire est originaire d’une famille noble Picarde, établie à Montbéliard par suite des guerres de religion et possédant fief à Clairegoutte. Le couple a un fils né en 1701 : Jacques Frédéric qui porte le titre de Seigneur de VERLANS. Officier, comme son père, il épouse Dame Clémence Marguerite Anne CUVIER apparentée au célèbre savant et qui lui donne une fille en 1726 : Clémence Marguerite. Cette dernière conserve le titre et l’apporte par son mariage à Charles Jérémie GOGUEL.

A partir de 1716, l’église catholique, par l’intervention du curé de Tavey essaya de reconquérir les dîmes qui lui avaient été supprimées par la réforme. Cette lutte d’influence dura jusqu’à l’avènement de la république. Le mois de mai 1725 fut marqué par la réquisition des habitants de tous les lieux de la Seigneurie. Ils devaient participer à la confection de la route royale Besançon Belfort (actuellement RN

Un recensement daté de 1750 mentionne 32 habitants pour la composition du village. Charles Jérémie GOGUEL né en 1711 fut un personnage très important, issu d’une famille de notables, il était devenu Conseiller de Régence de son Altesse le Prince de Montbéliard. Sa résidence au village était dans une grosse et importante bâtisse appelée « Le château ». Sa présence donnait souvent lieu à des fêtes et des réjouissances réunissant l’aristocratie de la Principauté. Son décès en 1786 met fin a cette période de fastes. Un fils Charles Louis prendra la succession.

La période révolutionnaire n’a pas laissé de traces particulières, l’intégration à la République s’effectua définitivement en 1790. C’est à partir de cette date que le village fut doté d’une mairie, avant l’administration était commune avec le village de Coisevaux. Il n’y avait pas de maison d’école à cette époque, aussi la population s’était dotée d’un instituteur qui réunissait ses élèves dans une maison du village.

Charles Jérémie GOGUEL (1711- 1786) a résidé à Verlans

Chapitre V

Au cours des XVII e et XVIII e siècles, le domaine forestier fut exploité à outrance, les bois étaient transformés en charbon pour alimenter les forges de Chagey et les salines de Saulnot grosses consommatrices. Tous les villages du secteur, dépendant des Princes subissent le même sort.

Après le décès de Charles Louis Goguel en 1807, le château ne fut presque plus habité et revint par testament à une petite- nièce, fille du colonel Denfert Rochereau le défenseur de Belfort. En 1823 le Maire Jacques GAILLARD fait réaliser une cloche pesant 450 Kg. Celle ci fut installée provisoirement entre les deux tilleuls qui avaient été plantés pour commémorer la liberté. La cloche servait à appeler les enfants et éventuellement à sonner le tocsin.

Un cadastre fut établi en 1826, ce document existe encore et on y relève un grand nombre de renseignements. La superficie du village qui était de 164 hectares a peu changé depuis. Quant aux habitants, leur nombre était passé à 78 en 1828 et à 103 en 1834. Les professions ci-après étaient exercées par les chefs de famille : maçon, cultivateur, journalier, tissier, tailleur de pierres, couvreur, charpentier, cordonnier, horloger, tisserand.

Une famille Nardin, très ancienne a été particulièrement célèbre dans le domaine de l’horlogerie et des descendants sont encore établis dans cette branche, notamment en Suisse. On peut également noter que des tisserands exerçaient à domicile, avec du matériel assez rudimentaire. Dans chaque famille un rouet permettait aux femmes de filer de la laine obtenue par l’élevage des moutons. Une matière utilisée pour le tissage était le chanvre. Ce dernier, cultivé dans les Chènevières, permettait après traitement d’obtenir des fibres textiles qui entraient dans la composition des toiles appelées « Verquelures » et « Droguet ». Un tissage de coton à bras fut installé en 1823 et fonctionna jusqu’en 1845. Jusque là les gens vivaient principalement, de l’élevage de l’agriculture et la forêt.

La présence d’un lieu dit « Vignoles » laisse supposer que nos ancêtres avaient implanté des vignes sur ces terrains bien exposés. Aucune trace ne reste des récoltes et évolution de cette culture. On peut en déduire que l’abandon comme dans d’autres villages voisins est dû principalement au faible rendement et à la médiocre qualité des produits récoltés.

Extrait du premier plan cadastral établi en 1826: le village était composé de 17 maisons ( Copie , sans échelle ).

Les maires de Verlans

  • 1793 – 1796 : Daniel Nardin
  • 1797 – 1798 : Jean Guémen
  • 1799 – 1807 : Jean-Jacques Demet
  • 1808 – 1809 : Pierre Lods
  • 1810 – 1818 : Jean Demet
  • 1819 – 1827 : Jacques Gaillard
  • 1827 – 1831 : Louis François
  • 1831 – 1846 : Pierre Georges
  • 1847 – 1850 : Frédéric Moser
  • 1850 – 1852 : Georges Nardin
  • 1852 – 1871 : Frédéric Moser
  • 1871 – 1876 : Frédéric Tisserand
  • 1876 – 1878 : Pierre Ecoffet
  • 1878 – 1880 : Frédéric Demet
  • 1881 – 1882 : Jacques Demet
  • 1883 – 1895 : Pierre  Lécureux
  • 1895 – 1904 : Frédéric Demet
  • 1904 – 1915 : Paul  Villot
  • 1916 – 1918 : Pierre Ecoffet
  • 1919 – 1919 : Pierre Nardin
  • 1919 – 1925 : Alphonse  Roussiaux
  • 1925 – 1946 : Léon Chamois
  • 1947 – 1968 : Louis Lods
  • 1968 – 1975 : Roger Roussiaux
  • 1976 – 1977 : René Geissbuhler
  • 1977 – 1983 : Jean Baudelot
  • 1983 – 1995 : Jean Delherbe
  • 1995 – : Luc Boullée

Chapitre VI

Vers le milieu du XIX e siècle certains habitants se sont orientés vers les industries naissantes : les filatures de coton qui s’établissaient à Chevret et Héricourt et les horlogers vers les fabriques du chef lieu de canton.
L’évolution lente se poursuivait et une maison d’école fut construite entre 1832 et 1835 avec comme particularité une tour pour y recevoir la cloche communale.
La guerre de 1870 et l’occupation par les prussiens a été également une période difficile, notamment par la proximité des batailles engagées par l’armée du Général Bourbaki.
Cette époque a été marquée par des travaux importants destinés à améliorer la vie de tous ; édification de  fontaines avec lavoir et abreuvoir, création d’un cimetière en 1876, agrandissement du bâtiment scolaire pour y créer un logement destiné à l’instituteur en 1887.


Louis LOVY.
Ce militaire originaire du village de VERLANS effectue son service au 60ème Régiment d’Infanterie à  Besançon. Année  1895

Chapitre VII

Le début du Xxe siècle voit une lente augmentation de la population : on relève 94 habitants en 1900.
Les conditions de vie sont encore dures, de plus en plus de femmes vont travailler aux filatures pour améliorer leurs revenus devenus insuffisants avec les petites exploitations locales.
On note également une émigration de quelques familles vers les Etats Unis.
La première guerre mondiale laisse de lourdes traces dans le village. Six hommes seront à inscrire sur le monument aux morts érigé en 1920 et fruit d’une souscription publique.

Charles DEMET, un jeune homme du village de VERLANS, combattant dans les troupes coloniales ( zouaves ), durant la guerre 1914-18. Sa conduite héroïque lui valut de nombreuses décorations. Il revint grand invalide de guerre.

Chapitre VIII

La période qui se situe entre les deux guerres fut principalement marquée par une baisse de la démographie entraînant notamment la fermeture de l’école communale en 1935. La plupart des hommes vont travailler chaque jour aux usines métallurgiques qui se développent dans la région et qui recrutent du personnel dabns les campagnes. Une seule exploitation agricole de faible envergure subsiste.

Il faut relever que le village reste typiquement rural avec une activité réduite, pas de commerçant ni artisan, plus d »école et une population viellissante. C’est dans cet état que la deuxième guerre mondiale va trouver le village en 1939.

Les années d’occupation, comme partout ailleurs vont paralyser un peu plus la vie locale en faisant peser des restricitions dans tous les domaines et chacun s’organise pour survivre au mieux. La fin de l’année 1944 fut particulièrement pénible et les violents combats de la Libération marquèrent les habitants principalement par les dommages causés.

Chapitre IX

La reprise sous le drapeau tricolore fut difficile, car il fallait en premier réparer les dégâts avec peu de moyens et c’est seulement vers les années 1950 que l’évolution commença à se faire sentir : désenclavement du village par une voierie départementale, création d’un réseau de distribution d’eau potable, réalisation d’une desserte par réseau téléphonique, réfection et renforcement des lignes électriques, remembrement partiel ect….
A l’image du Pays, la fin du xx eme siècle fur marquée par une croissance, celle-ci fut lente à cause du peu de moyens, mais assez maîtrisée.
La création d’un habitat neuf et la rénovation de l’ancien furent attractifs et à l’heure actuelle on peut dire que notre village est envié.
Les habitants sont heureux d’y vivre dans un cadre agréable. L’avenir sera celui que les gens voudront créer et pour conclure une réflexion pleine de bon sens et d’espoir, citée par un ancien. «  Il y aura encore des jours derrière la Potte. »

Commune de VERLANS  (Haute-Sâone). Evolution en quarante ans.